Policiers brûlés à Viry-Châtillon en 2016 : un juge va examiner les accusations de falsification de l'enquête
Publié : 15 juillet 2021 à 14h01 par Iris Mazzacurati
e 8 octobre 2016, une vingtaine de jeunes avaient jeté des cocktails molotov sur deux voitures de po
Crédit : Thomas SAMSON / AFP
Un juge d'instruction de Créteil va examiner les accusations de falsifications de l'enquête sur l'attaque contre des policiers brûlés à Viry-Châtillon dans l'Essonne en 2016.
Le parquet de Créteil a ouvert jeudi 15 juillet une information judiciaire contre X pour "faux en écriture publique", "escroquerie au jugement" et "violences volontaires", le tout par "personne dépositaire de l'autorité publique".
Ces qualifications reprennent celles visées par quatre plaintes qui ont été déposées par la défense de plusieurs jeunes, accusant les enquêteurs de la Sûreté départementale de l'Essonne d'avoir falsifié l'enquête pour les impliquer à tort dans l’attaque.
Le 18 avril dernier, au terme de six semaines de procès en appel à huis clos, la cour d'assises des mineurs de Paris a déclaré cinq des 13 accusés coupables de tentative de meurtre sur des policiers. Trois d'entre eux, condamnés à 18 ans de réclusion, se sont pourvus en cassation.
La cour jugeait des faits qui s'étaient déroulés presque cinq ans plus tôt: le 8 octobre 2016, 16 personnes avaient attaqué, pour certaines avec des cocktails Molotov, deux voitures de police stationnées près du quartier de la Grande Borne, une cité sensible de l'Essonne.
Les assaillants étant masqués, il a été impossible de les reconnaître et l'enquête a reposé sur beaucoup de témoignages, dont certains se contredisaient, et le bornage téléphonique.
Selon la plainte commune déposée par Mes Sarah Mauger-Poliak, Yaël Scemama et Michel Stansal, les enquêteurs ont rédigé les procès-verbaux "en modifiant le sens des déclarations, en éludant les protestations d'innocence, un grand nombre des explications circonstanciées et sans acter les demandes de vérification des éléments prouvant l'absence d'implication" de leurs deux clients, acquittés en appel dont l'un a été condamné à 18 ans en première instance.
Par ailleurs, toujours selon cette plainte, le témoin clé de l'enquête n'a pas "spontanément" produit une "liste des participants à l'attaque" comme l'ont assuré les enquêteurs.
Frédérick Petipermon, avocat d'un des accusés condamnés à 18 ans de prison en appel et qui s'est également pourvu en cassation, avait déjà déposé deux plaintes à Evry, le 26 février et le 10 mars, pour "faux en écriture publique".
Dans une interview accordée au Parisien au mois de juin, trois policiers de la Sureté départementale se sont défendus de ces accusations : "on n'interroge pas un criminel potentiel en lui offrant le thé", explique l'un d'eux. "Ces jeunes ont toujours eu affaire à la police, ont des avocats depuis leur plus tendre enfance, n'ont pas peur de nous. Vous vous doutez bien qu'on ne va pas prendre pour argent comptant la première réponse", poursuit-il.
"On ne peut que se réjouir de l'ouverture d'une instruction judiciaire pour faire la lumière sur des faits complexes en dehors de toute pression politique", a réagit auprès de l'AFP Me Mauger-Poliak.
Sollicité par l'AFP, l'avocat des enquêteurs n'a pas répondu dans l'immédiat.