Villiers-le-Bel : un hommage aux membres de la communauté kurde tués le 23 décembre

Publié : 3 janvier 2023 à 14h45 par Maud Tambellini

Un dernier hommage avant que les dépouilles ne soient rapatriées sur leurs terres natales

Crédit : Bertrand GUAY / AFP

Des milliers de membres de la communauté kurde se sont rassemblés ce mardi à Villiers-le-Bel pour une cérémonie d’hommage aux trois Kurdes tués avant Noël dans une fusillade à caractère raciste en plein cœur de Paris.


À la mi-journée, les dépouilles d'Abdurrahman Kizil, de Mir Perwer, un chanteur kurde réfugié politique, et d’Emine Kara, responsable du Mouvement des femmes kurdes en France, ont fendu une foule dense pour faire leur entrée dans une salle des fêtes louée à Villiers-le-Bel, avenue des Entrepreneurs.




Enveloppés dans les drapeaux du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et du Rojava, territoire kurde de Syrie, les cercueils sont entrés encadrés par une haie d'honneur, accueillis par des larmes et aux cris de "les martyrs sont éternels !".




Ne pouvant entrer dans la salle où les corps étaient exposés des milliers de personnes ont suivi la cérémonie sur des écrans géants installés sur un parking à proximité.




Cette tuerie ravive le souvenir du triple assassinat, il y a dix ans presque jour pour jour, de trois militantes kurdes, déjà dans le Xe arrondissement de Paris, affaire dans laquelle les services de renseignements d'Ankara sont soupçonnés.




"On a l'impression qu'ils font tout pour nous écraser, que ce soit ici ou en Turquie", a regretté cette habitante de Villiers-le-Bel, venue aux funérailles en famille.


 




Le suspect de la fusillade écroué




Des Kurdes ont fait le voyage de toute la France et même depuis des pays européens pour assister à ces funérailles, venus avec des bus spécialement affrétés par la communauté. Les organisateurs ont mis en place un important service d'ordre, en plus des forces de l'ordre déployées à l'extérieur.




Les trois défunts ont été assassinés par balles le 23 décembre devant le centre culturel Ahmet-Kaya de la rue d'Enghien (Xe). Le tireur, William Malet, a été désarmé et arrêté dans la foulée.




Devant les enquêteurs, l'homme de 69 ans, déjà connu de la justice pour des faits de violence et qui sortait tout juste de détention provisoire pour une autre affaire, a fait part d'une "haine des étrangers pathologique" et dit avoir voulu "assassiner des migrants", selon le parquet de Paris.




Mis en examen le 26 décembre notamment pour assassinat et tentative d'assassinat en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion, ce conducteur de train à la retraite a été écroué dans la foulée.


 




Villiers-le-Bel, un choix stratégique




La ville de Villiers-le-Bel a été choisie pour cette cérémonie d’hommage, du fait de la présence d'une importante communauté kurde dans le Val-d'Oise et de sa facilité d'accès. C’était déjà là que s'étaient tenues les funérailles des trois militantes kurdes liées au PKK et assassinées par balles dans l'enceinte du Centre d'information du Kurdistan en janvier 2013.




Une marche blanche se tiendra par ailleurs ce mercredi rue d'Enghien à Paris  sur les lieux du drame de fin décembre. Et une "grande marche" de la communauté kurde, initialement prévue pour les dix ans de la mort des militantes du PKK, partira samedi de la gare du Nord à Paris.