POPPINS : Le premier jeu vidéo thérapeutique pour enfants atteints de troubles neurologiques
Publié : 28 mars 2024 à 9h59 par Estelle Lafont
Conférence de présentation de POPPINS au Paris Campus Santé
Crédit : Estelle Lafont
Les troubles DYS (dyslexie, dyspraxie ou encore TDA) touchent 1,3 millions d’enfants en France. Fruit de 5 ans de recherche, POPPINS est le premier jeu vidéo thérapeutique validé cliniquement comme médicament pour venir en aide à ces enfants.
Voltage était invité au Paris Campus Santé dans le 15e arrondissement pour participer à la présentation du programme thérapeutique POPPINS. Premier médicament dématérialisé, un « digital pill », POPPINS est utilisé pour les enfants atteints de troubles du neurodéveloppement.
Il a pour but de stimuler le cerveau des enfants atteints de troubles DYS (dyslexie, dyscalculie, dysphasie…) en les « mettant en situation favorable et non d’échec comme ils peuvent l’être parfois à l’école » explique Julie Prieur, directrice produit et conceptrice de mini-jeux dans l’application POPPINS.
Ces troubles apparaissent dès les premiers apprentissages de l’enfant et le parcours de soins est parfois très long, entre la détection vers 6 ans environ et un diagnostic fixe vers 7 ans et demi, c’est un vrai parcours du combattant pour les familles. « Orthophoniste, psychomotricien, ophtalmologue, podologue même, on a vu environ 10 spécialistes pour différents bilans » nous raconte Emmanuelle, maman de Clément, un garçon dyslexique de 11 ans et scolarisé en CM1.
Ce ping-pong incessant peut parfois être épuisant pour les familles, « Clément était un peu démotivé, on était en pleine pause orthophonique et on ne savait plus vraiment comment avancer, c’est là que POPPINS est arrivé (…) il s’amuse, il n’a pas l’impression de faire de la rééducation, ça lui permet de voir les choses sous un autre angle » explique-t-elle.
Trop d’écran ?
On le sait, les plus jeunes ont tendance à réclamer et il est important de maîtriser le temps d’écran. POPPINS a pensé à ce paramètre. Certes c’est un jeu, mais tout comme un médicament classique qui est soumis à une certaine posologie, la « pilule digitale » a ses limites « Maman ça se bloque au bout 20 minutes, débloque le jeu ! » imite Emmanuelle en souriant, « sauf que non je ne peux pas, c’est POPPINS qui décide » ajoute-t-elle.
Cette volonté de bloquer le jeu permet aussi « une source de conflit en moins à la maison, entre laver les dents, faire les devoirs qui peut être très pénibles pour les enfants dyslexiques, POPPINS aide les parents sur ce point » souligne Julie Prieur à cette question de timing limité. Ces 20 minutes comptent seulement pour le temps de jeu « si l’enfant a besoin d’une pause, l’appli ne se bloque pas au bout de 20 minutes d’allumage mais le temps est calculé sur le nombre de mini jeux, ils durent chacun 2 minutes, il peut en faire 5 axés sur le langage et il reste 10 minutes pour les jeux de rythme qui sonnent un peu plus comme une récompense » détaille-t-elle en nous faisant la démonstration du jeu des fantômes qui portent une pancarte avec un mot à retrouver « ce qui est bien aussi par exemple c’est que même si l’enfant se trompe il peut en choisir un autre (de fantôme) et son erreur n’est pas pointée du doigt, il va juste gagner moins de pièces à la fin du jeu ».
Le jeu des fantômes demande aux enfants de retrouver le mot qu'ils ont entendu juste avant
Crédit : poppins.io
Une vraie progression
A raison de 3 à 5 sessions par semaine recommandées, POPPINS permet de voir des résultats flagrants « sur une utilisation depuis plus de 6 mois on est sur une fluidité qui est spectaculaire par rapport à ce qu’on avait au démarrage, moins d’erreurs phonologiques, il lit et prononce le bon son, il n’invente plus, moins de fatigue à la lecture et une amélioration de son orthographe » nous dit Emmanuelle avec enthousiasme avant d’ajouter sa petite victoire personnelle : « cette semaine sur une dictée préparée il a ramené un 20/20 alors qu’avant sur ce même exercice, on était sur 24 fautes ».
Une autre victoire pour Julie Prieur c’est celle des retours de parents, « une maman m’a dit qu’elle voulait arrêter l’abonnement POPPINS car il ne veut plus jouer et seulement aller lire », elle ajoute aussi que même malgré ses vertus indéniables, POPPINS a une sorte de fin et que « notre but est de faire renouer les enfants avec la lecture, le plaisir d’apprendre (…) qu’ils reprennent confiance en eux même à la maison et ça pourra passer par mettre la table, discuter avec les parents, alors qu’avant ils restaient dans leur coin ».
Pour le moment POPPINS est utilisé par 1500 familles en France, remboursé par certaines mutuelles il est également en accès gratuit pour les familles les plus modestes. Côté prix, il faut compter 39 euros par mois si vous prenez un accompagnement de 3 mois ; 26 euros mensuels en cas d'abonnement à l'année. De son côté le gouvernement a débloqué un budget de 185 millions d’euros jusqu’en 2027 pour avancer l’âge du repérage et des diagnostics sur les enfants afin d’intensifier les interventions précoces.