Nahel : le policier mis en examen pour homicide volontaire

29 juin 2023 à 12h13 par Lucas Pierre

Le parquet de Nanterre a requis le placement en détention provisoire du policier.

Crédit : Capture d'écran Twitter

Le parquet de Nanterre a requis le placement en détention provisoire du policier impliqué dans la mort de Nahel.

Le policier impliqué dans la mort de Nahel a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire. En fin de matinée, le procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine) avait requis le placement en détention provisoire du fonctionnaire ayant tiré sur le jeune homme de 17 ans lors d’un contrôle de police. Le procureur estime que les conditions d’usage de l’arme n’étaient « pas réunies ». Une information judiciaire est ainsi ouverte pour homicide volontaire.


Lors de sa conférence de presse, le procureur de Nanterre a également rappelé que le troisième passager du véhicule était toujours recherché. L’autre personne présente à bord de la Mercedes AMG avait quant à elle été placée en garde à vue, avant qu’elle ne soit levée « en début d’après-midi du 27 juin ».


 



« Il est nécessaire de procéder à une profonde réforme de l’usage de la force publique, de son cadrage et du fonctionnement global du service public de la police »



 


Le procureur a aussi précisé, en conférence de presse, que Nahel était déjà connu des services de police pour d’autres refus d’obtempérer - il devait par ailleurs se présenter au tribunal des mineurs au mois de septembre prochain. Les analyses n’ont en revanche révélé aucune trace d’alcool ou de stupéfiant selon le procureur, selon qui aucun objet dangereux n’a, au passage, été retrouvé dans le véhicule, après fouille.


De son côté, le policier impliqué dans la mort de Nahel persiste et signe auprès des enquêteurs. Il aurait tiré de façon préventive, mettant en avant la « dangerosité du conducteur », ayant « eu peur d’être percutés par le véhicule ».


Que dit la loi ?


La mort de Nahel fait aujourd’hui office de véritable étincelle. De très nombreux débordements ont eu lieu, pour la deuxième fois, dans la nuit de mercredi à jeudi. « Plusieurs dégradations de biens d’utilité publics ont été commis » rappelle le procureur, qui évoque des « faits d’une particulière gravité ». Des écoles, des mairies encore des commissariats ont été pris pour cible dans la nuit, et pas qu’en Île-de-France.


Le président de la République, Emmanuel Macron, a par ailleurs réitéré son appel au calme. « Les violences (…) sont injustifiables » a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux. Avant d’ajouter que « le recueillement, la Justice et le calme doivent guider les prochaines heures ». Dans le même temps, nombreux sont ceux qui exigent une réforme de la police. Les agents CGT du ministère de l’Intérieur estiment eux-même qu’il « est nécessaire de procéder à une profonde réforme de l’usage de la force publique, de son cadrage et du fonctionnement global du service public de la police ».

Les gouvernements successifs ont déjà procédé à plusieurs changements. En 2017, socialiste François Hollande, alors président de la République, avait fait modifier une loi encadrant les conditions d’usage de l’arme pour les forces de l’ordre. Dans un contexte de menace terroriste, les policiers avaient obtenu le droit de tirer sur les occupants d’un véhicule lorsqu’ils « sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou à l’intégrité physique ou à celle d’autrui ». Avec l’affaire de la mort de Nahel, les institutions se pencheront peut-être précisément sur ce phénomène, alors que 13 personnes sont décédées suite à un refus d’obtempérer en 2022.