Le parc zoologique de Paris fête les 10 ans de sa réouverture
Publié : 18 mars 2024 à 16h19 par Estelle Lafont
La grande plaine surplombée par l'imposant rocher de 65 mètres
Crédit : Estelle Lafont
10 ans de réouverture et 10 projets en cours, le parc zoologique de Paris a de l’ambition
Invité à l’occasion des 10 ans de la réouverture du parc zoologique de Paris, Voltage a pu rencontrer les acteurs de son développement lors d’une matinée de visite des coulisses et une présentation des 10 projets en cours pour 2024.Le mythique parc au grand rocher (qu’on voit à la fin du père Noël est une ordure) a ouvert pour la 1e fois en 1934. Fermé pour travaux en 2008 il accueille de nouveau le public depuis 2014 et en 10 ans le nombre d’espèces présentes sur le site a presque doublé (180 à 254), fait amusant il possède également une espèce ni animale, ni végétale : un blob !Présenté à l’occasion des 5 ans de la réouverture, cet élasmobranche est toujours là et Alexis Lécu, vétérinaire et directeur scientifique du parc, a souligné « l’importance de cet organisme qui est partout dans les forêts et il y a très peu de zoos qui le présentent ».
L’exploration pour les visiteurs passe par les cinq biozones très spécifiques (Patagonie, Afrique, Europe, Amazonie-Guyane et Madagascar) aménagées de manière à respecter la géographie locale, ce qui passe par le développement d’une sphère botanique et minérale fidèle afin de reproduire au maximum des conditions de captivité proches de la vie sauvage car « nous sommes soucieux avant tout du bien-être animal, et l’enjeu de la biodiversité à l’échelle de la planète il se joue aussi bien au zoo que sur le continent africain ou asiatique, les zoos font partie d’un tout et ont leur carte à jouer » souligne-t-il très humblement, ajoutant que le débat du « zoo c’est bien ou pas bien est toujours bienvenu mais on ne peut pas tout résumer en une minute, il faut rencontrer les soigneurs, animateurs et acteurs de la vie au parc pour comprendre que la conservation n’est pas un alibi ».
Parmi les 10 projets en cours, « Save the Rhino » a la préférence du scientifique car « on ne peut pas prospecter tout le continent africain par exemple et il a fallu choisir un projet en adéquation avec l’ADN du parc, avec l’arrivée de ces deux femelles rhinocéros blanc la dimension devient concrète maintenant » nous détaille-t-il, car ce projet a demandé un énorme travail collaboratif avant de voir le jour.Interrogé sur ce qu’il voit dans le futur il nous répond très simplement «des p’tits rhinos et lamantins » car d’Ora et l’autre femelle rhinocéros ne sont pas les seules dames attendues au tournant avec un espoir de reproduction. Une femelle lamantin va arriver prochainement dans le bassin de la serre et des femelles otaries sont arrivées courant février.Les otaries sont d'ailleurs un excellent exemple d'animaux très formatés à la présence humaine, comme les deux espèces d'otaries cohabitantes qui sont entrainées aux manipulations médicales et pourraient présenter un risque pour elles-mêmes et les humaines qu'elles rencontreraient si elles se retrouvaient lâchées en pleine nature.
Aramis, mâle de 350 kilos est familier avec certaines positions d'intervention médicale
Crédit : Estelle Lafont
« La grande expertise des équipes acquise au fur et à mesure des années est déterminante » insiste-t-il sur la question de la réintroduction.Ce n’est pas le but premier car l’environnement en dégradation à certains endroits du globe ne permettrait pas aux individus une durée de vie optimale et des conditions optimales de reproduction derrière. Ce serait donc parfois des années de recherche, et beaucoup d’argent investi pour rien, d’où l’importance de bien « dissocier conservation et réintroduction ». Pourtant le parc au grand rocher n’est pas fermé à cette pratique puisque depuis 2021, en partenariat avec le projet européen « LIFE », des vautours fauves, nés dans le parc, ont pu être relâchés dans le ciel de Bulgarie.
Pour conclure, Alexis Lécu nous explique la vision du parc et de ses acteurs à travers ce qu'ils appellent le "Master Plan", un échelonnage de ce qu'ils vont faire « dans les 10/20 ans, en concertation avec le monde scientifique et ceux qui observent les animaux évoluer au quotidien, le but est d’agrandir l’éventail pour émerveiller les visiteurs mais rester réalistes par rapport à notre taille, c’est pour ça qu’il n’y a pas d’ours ou d’éléphants par exemple » achève-t-il sur un signe de tête en direction de la grande plaine.
3100 animaux présents sur 14 hectares
Crédit : Estelle Lafont