Crash du vol Rio-Paris : Airbus et Air France devant la justice cet automne

Publié : 10 février 2022 à 17h58 par Lucas Pierre avec AFP

L'avion s'était crashé en 2009 au-dessus de l'Atlantique.

Crédit : CC0 - Image d'illustration

Airbus et Air France vont devoir repasser devant le tribunal correctionnel de Paris. Le procès se tiendra cet automne, du 10 octobre au 8 décembre pour juger de la culpabilité ou non des deux entreprises dans le crash du vol Rio-Paris le 1er juin 2009 dans l’Atlantique. Les deux entreprises avaient bénéficié d’un non-lieu en 2019 avant d’être renvoyé devant la justice.

Plus de treize ans après le crash du Rio-Paris qui avait fait 228 morts, l'heure du procès pour Airbus et Air France : le constructeur européen et la compagnie aérienne seront jugés à l'automne prochain à Paris pour « homicides involontaires ». Le procès se tiendra devant le tribunal correctionnel de Paris pendant neuf semaines, du 10 octobre au 8 décembre, a appris jeudi l'AFP de source judiciaire, confirmant une information de Var-Matin. Après plus de dix ans de procédure et un revirement de la justice française qui avait dans un premier temps prononcé un non-lieu, la compagnie et l'avionneur avaient formé des pourvois en cassation contre leur renvoi en correctionnelle.


Mais la Cour de cassation a jugé leurs recours irrecevables en août dernier, confirmant définitivement la tenue d'un procès. « Treize années ont été nécessaires pour obtenir enfin qu'un procès se tienne. Un parcours d'angoisse, d'espoirs, de déceptions que nous, association, avons mené sans défaillir », a réagi la présidente de l'association Entraide et Solidarité AF447, Danièle Lamy. « Enfin, nous sommes en droit d'espérer qu'un procès juste et équitable contre Airbus et Air France à partir d'octobre 2022 sanctionne les négligences coupables et les défaillances de la sécurité aérienne qui ont conduit à cette tragédie : 228 victimes attendent que justice leur soit rendue », a-t-elle ajouté. « Les familles des victimes attendent avec impatience l'ouverture de ce procès afin d'avoir enfin la possibilité d'interroger les différents experts et surtout la société Airbus et la compagnie Air France », s'est réjoui auprès de l'AFP un avocat de parties civiles, Me Sébastien Busy. « Toutes les familles de victimes sont toujours en quête de vérité et de justice, cela va être l'objet du procès », a réagi Me Alain Jakubowicz, autre avocat de l'association Entraide et Solidarité AF447. 


L’avion retrouvé à 4000m de profondeur


« La compagnie Air France continuera à démontrer, désormais devant le tribunal correctionnel, qu'(elle) n'a pas commis de faute pénale à l'origine de cet accident », a réagi la société auprès de l'AFP.  « Air France renouvelle sa confiance à l'ensemble de ses pilotes et de son personnel navigant, et rappelle que la sécurité de ses clients et de ses personnels est son impératif absolu. La compagnie gardera en mémoire le souvenir des victimes de ce terrible accident », a-t-elle ajouté. Le conseil d'Airbus n'a pas souhaité faire de commentaire. Le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris s'était abîmé au milieu de l'Atlantique le 1er juin 2009. Les pilotes, désorientés par une défaillance technique en pleine zone météorologique instable du « pot au noir », n'avaient pu rattraper le décrochage de l'A330, entraînant la mort des 216 passagers et 12 membres d’équipage. L'épave et les boîtes noires avaient été retrouvées deux ans plus tard, à près de 4.000 mètres de fond.


Après une décennie de batailles d'expertises, les juges d'instruction avaient ordonné un non-lieu en 2019, en avançant que les investigations n'avaient pas permis d'établir « un manquement fautif d'Airbus ou d'Air France en lien (...) avec les fautes de pilotage (...) à l'origine de l’accident ». Cette décision, qui avait scandalisé les familles et les syndicats de pilotes, avait finalement été invalidée en appel en mai 2021. La cour d'appel de Paris avait considéré qu'Air France s'était « abstenue de mettre en œuvre une formation adaptée (...) et l'information des équipages qui s’imposait » face à la défaillance technique rencontrée, « ce qui a empêché les pilotes de réagir comme il le fallait », selon une source proche du dossier. La cour avait retenu par ailleurs qu'Airbus avait « sous-estimé la gravité des défaillances des sondes anémométriques (...) en ne prenant pas toutes les dispositions nécessaires pour informer d'urgence les équipages (...) et contribuer à les former efficacement », d'après cette source.


Le givrage de ces sondes, considéré comme l'élément déclencheur de la catastrophe, a été au cœur des batailles d'expertises.